Dimanche 25 février, arrivés la veille en fin d'après-midi de San Agustin, c'est sous un beau soleil et non sans une certaine émotion que
je commence la journée par un petit tour dans le centre historique pour revoir et montrer à mon mari la maison dans laquelle j'ai vécu six mois en 1986-87, située carrera 8#calle 3-17 à 400 m de
l'hôtel Camino Real où nous sommes descendus pour trois nuits. Transformée en restaurant japonais (dénommé Kimono), elle est fermée ce dimanche mais nous y avons déjeuné le lendemain (et on y
mange bien). Si la ville moderne alentours a littéralement explosé (320 000 habitants), le centre historique, protégé, a quant à lui peu changé. Certains bâtiments endommagés par le violent
tremblement de terre de 1983 ont juste été depuis restaurés.
Puis nous retrouvons à 10 h devant la porte de la cathédrale les membres de l'ONG Get up and Go Colombia pour faire la visite guidée gratuite de Popayán (chacun donne ce qu'il veut). Une visite très chouette et plus longue que prévue car notre guide, sympathique professeur à l'université, nous fait grimper jusqu'aux Tres Cruces où nous faisons une petite pause de 20 mn afin d'admirer la vue sur les toits de la ville tout en dégustant quelques empanadas de pipián (spécialité locale à base de viande et de pomme de terre). Et pour déjeuner, direction le très bon restaurant Mora Castilla de la calle 2 qui propose une cuisine typique de Popayán.
Get Up and Go Colombia est une organisation à but non lucratif qui oeuvre pour la consolidation de la paix et transforme la vie des communautés les plus touchées par le conflit armé en Colombie en leur créant des opportunités grâce au tourisme durable (Tél : +57 3234637404. Nous commençons la visite par le parque Caldas et la statue du savant et héros nationaliste Francisco José de Caldas, œuvre du sculpteur français Raoul Verlet (1857-1923).
Fondée en 1537 à 1 760 m d'altitude, Popayán est une jolie ville coloniale surnommée la "ciudad blanca" à cause de ses murs peints à la chaux suite, selon la légende, à l'invasion au 19ème siècle de niguas (une sorte de puce tropicale) qui attaquaient les pieds des habitants, provoquant des infestions qui pouvaient parfois aboutir à l'amputation. C'est une ville étudiante et la cité des poètes, des intellectuels et des hommes politiques, très connue aussi pour sa Semana Santa.
Retrouvailles...
Dimanche après-midi, j'ai l'immense plaisir de revoir Diego, mon ancien colocataire colombien car nous étions cinq à vivre dans la grande maison de la carrera 8. Nous allons prendre un café puis il m'emmène voir la toute première maison que nous partagions carrera 1#calle 3 dans la Pamba (plus ancien quartier de Popayán) mais dans laquelle nous ne sommes restés qu'un mois à cause de l'envahissante présence de cafards.
Le lendemain, nous partons nous balader tranquillement au gré de nos envies à Popayán. Rapide coup d'œil au quartier Bolivar situé de l'autre côté du pont de l'Humiliation (à peine le pont passé un jeune homme m'a dit de faire attention à mon appareil photo). Ensuite, petite grimpette au Morro del Tulcán dont la statue à cheval a été déboulonnée lors des manifestations de 2020.
Au sommet du Morro del Tulcán, on retrouve par hasard notre copine Hélène qui nous propose de se retrouver vers 17 h à la Trocha café/bar Sentires de la montaña créé fin 2021, après les accords de paix de 2016 entre le gouvernement colombien et les FARC. C'est un café/bar/restaurant, garderie informelle et espace culturel géré par Las Manuelitas, une association d'une trentaine de femmes dont certaines ont elles-mêmes été combattantes dans le passé de l'armée de guérilla. Objectif : aider au processus de réintégration de ces femmes et à l'éducation des enfants. Aujourd'hui, La Trocha est décorée de souvenirs des FARC et de photos du processus de paix et c'est un lieu engagé en faveur de la paix proposant aux visiteurs curieux forums, événements et expositions.
Nous avons séjourné trois nuits dans le Camino Real, hôtel fondé en 1982 dans un bâtiment construit en 1591 choisi parce que situé dans le secteur historique, au cœur de la ville, à 20 m du parc Caldas. C'est un établissement avec beaucoup de caractère et confortable, possédant son propre restaurant, mais la salle de bain, ouverte sur la chambre dont les fenêtres donnent elles-mêmes sur le patio n'offre pas beaucoup d'intimité. L'ensemble est par ailleurs un peu vieillot.
A 55 km de Popayán (1 h 30 de trajet), cette petite ville située à 2 620 m d'altitude et surnommée la "Suisse d'Amérique" compte aujourd'hui 35 000 habitants. 80 % de la population est indigène, avec 7 réserves possédant chacune sa propre organisation sociale et spirituelle. Misak signifie "le peuple de l’eau". Les Misak sont à la fois agriculteurs et petits-artisans (tissage), cultivant maïs, pomme de terre, manioc ou café avec aussi de petits élevages (moutons, chèvres, poules…).
Mardi 27 février, retour à Silvia où j'avais été reçue en 1986 par une famille Misak (Guambia est le nom donné par les indigènes Misak à leur territoire). Afin de ne pas me contenter de faire juste un petit tour dans le marché indigène (surnommé "mercado azul" en référence à la tenue vestimentaire portée par les indigènes) mais prendre le temps de vivre une modeste immersion culturelle dans la réserve pour en savoir plus sur cette communauté et mieux comprendre leur mode de vie, j'ai contacté de France (via le blog Mon voyage en Colombie) Viviana Andrea Tombé Quelal qui a créé avec son compagnon Victor Mera une petite agence locale, Tsatso Ya, permettant aux touristes de découvrir un peu leur culture et leurs traditions. Ils ont aussi une boutique d'artisanat appelée la Casa Colibri dans la carrera 2 de Silvia. Contact : tsatsoya@gmail.com ou casacolibrimisak@gmail.com / Tél (WhatsApp) de Viviana : +57 314 8007188.
Site : https://colombiaartesanal.com.co/artesanos/viviana-tombe/
Le marché de Silvia est divisé en différentes zones “thématiques” : fruits, légumes, sucreries, pains, denrées sèches, artisanat, quincaillerie, viande etc. On peut aussi y manger. Victor nous explique que ce sont les patates, les oignons et les fraises qui représentent la majorité de la production locale et nous fait goûter quelques fruits inconnus pour nous.
Les Misak sont facilement reconnaissables à leurs costumes traditionnels et tous portent bottines et chapeaux melon ou plats de feutre noir. Les couleurs sont symboliques, le bleu faisant référence à l'eau, le rouge au souvenir du sang versé par leurs ancêtres pendant la colonisation. Les femmes portent une sorte cape ou poncho bleu indigo et une jupe, parfois plissée, aux tons foncés noir ou bleu ourlées de rayures roses. Elles portent également un collier constitué de plusieurs rangs de perles blanches et l’incontournable "mochila" (sac en bandoulière) dans leur dos.
Nous allons ensuite au coeur de la réserve où nous sommes accueillis par un des chefs spirituels de la communauté qui nous demande de faire un rituel d'harmonisation avant d'entrer dans la Casa Payán, sorte de musée-centre d'interprétation construit sur trois étages, chaque étage représentent une dimension spécifique pour le peuple Misak : le territoire pour le 1er, l'autorité pour le second et la spiritualité pour le 3ème. Lors de cette visite un peu longue (qu'en espagnol, il faut être concentré...) mais très intéressante, Victor nous explique toute la cosmogonie Misak ainsi que les différents rituels liés aux naissances, aux mariages et aux enterrements.
Juste à côté de la Casa Payán, nous entrons ensuite dans le dispensaire médical disposant de sa propre pharmacie. La communauté a en effet un laboratoire de fabrication de médicaments à base de plantes médicinales dont certaines proviennent du jardin communautaire. Il faut savoir que le peuple Misak a une autonomie politique dans le domaine de la santé et de l’éducation, il possède ainsi sa propre université.
Nous reprenons la voiture pour aller voir le jardin botanique communautaire (potager et verger), appelé Yatul herbal, et échanger autour d'un feu dans la “Tulampi Ya”, maison traditionnelle Misak de la pensée et de la réflexion. Mais avant d'entrer, il faut de nouveau procéder à un rituel d'harmonisation pour équilibrer les énergies.
Ciénaga, parcs Tayrona & Taironaka
La Guajira, Uribia, Cabo de la Vela