Le village de pêcheurs de Djiffer, situé à l'extrémité de l'étroite bande de terre de la pointe de Sangomar qui se réduit comme peau de chagrin avec la montée des océans, est resté authentique et offre des scènes vivantes et colorées très typiques, notamment lors du retour de pêche, que l'on garde en mémoire. Bordée par l'océan Atlantique et le delta du Saloum, la pointe de Sangomar se prolongeait jusqu'en février 1987 bien au-delà de Djiffer, mais une tempête l'a séparée en deux et elle est devenue une île. L'érosion du littoral sénégalais avec la montée des eaux due au réchauffement climatique est aujourd'hui une réalité dramatique et l'existence du village de Djiffer est menacée à court terme.
Le Sine Saloum est le royaume de la pirogue. Sortie en pirogue donc de 9 h à 16 h pour 50 000 cfa (35 000 le tour + 15 000 le repas), organisée par Awa, la gérante de notre hébergement la Villa sur la Plage (voir en bas de page), avec un piroguier (parce que le bateau et skipper de la maison n'étaient pas disponibles) pour voir les îles et villages du Saloum. Petite déception, la sortie se limitera en réalité à la visite de Falia, suivie d'un pique-nique sur une petite plage du delta et d'une pause détente et baignade d'au moins 2 h alors que nous pensions pouvoir aussi jeter un coup d'oeil à Diowenar. De fait, le moteur de ces pirogues locales n'est pas assez puissant pour nous emmener plus loin. Si nous avions su que l'après-midi était uniquement consacré à se reposer et à se baigner, ce que nous pouvions très agréablement faire à la villa, nous aurions sans doute choisi de partir juste 1/2 journée au lieu de la journée. Awa n'a pas été assez explicite et c'est le piroguier qui nous a vraiment décrit le programme.
Loin du tourisme de masse, la visite de Falia (700 habitants), qui se fait obligatoirement, comme à Mar Lodj, avec un guide local payé 2500 cfa, permet de découvrir la vie très paisible d'un petit village de pêcheurs isolé du Siné Saloum car accessible uniquement par bateau : 1 h 30 de pirogue pour nous, en partant près de la Villa sur la Plage côté delta, avec une petite pause photo d'une bande sable pleine d'oiseaux et un détour dans un joli bolong (chenal d'eau) pour voir la mangrove d'un peu plus près. Il y a quand même 12 km à parcourir et la pirogue ne va pas trop vite pour économiser le carburant.
Ici, le temps semble s'être un peu arrêté. Le hameau est construit comme à Fadiouth sur une île de coquillages, utilisés pour la construction des cases. Les femmes vivent de la pêche à pied des arches (coquillages ressemblant à la coque) qu'elles vont cuire au feu de bois pour ensuite les décortiquer et les faire sécher au soleil. Mais depuis une vingtaine d'années, cette ressource diminue : les arches sont plus petites et de moins en moins nombreuses. Une station aquaponique, combinaison de l’aquaculture consistant à élever des poissons et autres animaux aquatiques et de l’hydroponie qui consiste à faire pousser des plantes sans terre, a donc été créée avec l'aide notamment du Canada. De fait, l'aquaponie est un système d'élevage alliant la culture de plantes et l'élevage de poissons en même temps et dans le même endroit. Il est possible d'acheter des produits de cette économie circulaire au cours de la visite, jus de fruits ou huîtres cuites et séchées par exemple, mais nous n'avons pas été convaincus quand nous avons tenté de les cuisiner de retour en France.
On repart de Falia à 12 h 10 pour faire une pause déjeuner un peu plus loin vers Dionowar, sur une petite plage du delta. Au menu, poisson grillé yassa (poisson préparé par Ousmane) que l'on déguste sur la plage à l'ombre des palétuviers, suivi d'une salade de fruits. Juste à côté, nous rencontrons une famille qui habite là, dans des huttes, et subsiste grâce au poisson séché. Nous prenons conscience du décalage avec notre propre mode de vie et de notre immense privilège.
Chouette balade et découverte de la vie du petit village de pêcheurs à Palmarin, grâce à notre chauffeur-guide Ali toute la matinée du mardi 8 novembre. L'océan ici, comme ailleurs sur la planète, est en train de grignoter la côte et des maisons ont déjà disparu, obligeant les habitants à reconstruire plus loin. Il apporte également son lot de déchets, autre fléau récurrent dans de nombreux pays.
La Villa sur la Plage ou Maison sur la Plage
Impression mitigée à notre arrivée le dimanche 6 novembre vers 15 h 30 à la "Villa sur la Plage", juste avant Djiffer, propriété rachetée en 2014 par un Français, Christian, qui n'était pas présent lors de notre séjour. L'accueil, plutôt nonchalant et pas très chaleureux, laisse un peu à désirer et Awa, la gérante, semble très fatiguée. Il faut tout demander avec le sentiment d'arracher les infos : le code wifi, les activités possibles, s'il y a des serviettes de plage, les horaires du dîner et du petit-déjeuner et nous avons la désagréable impression de déranger. Peut-être parce que c'est dimanche, en milieu d'après-midi, il fait chaud, c'est l'heure de la sieste ? Les femmes sont allongées dehors à terre et ont visiblement besoin de se reposer... Pour compléter ce tableau quelque peu décevant, l'eau de la piscine n'est pas vraiment transparente (pompe et système de filtration en panne) et n'incite pas à la baignade, celle du robinet est marron et il y a des remontées d'odeur d'égout pas très agréables dans la salle de bain. On opte donc pour la plage, quasi déserte et la mer, chaude et calme : le bonheur...
La maison quant à elle, superbement bien placée, est jolie de loin mais vieillissante et pas spécialement bien entretenue : l'ensemble est "dans son jus", le mobilier est basique et l'échelle menant à l'étage un peu raide. Heureusement, la chambre et la salle de bain du 1er étage sont très spacieuses et la grande terrasse avec sa belle vue sur l'océan Atlantique et le coucher du soleil sauvent les meubles.
A noter enfin que c'est le seul logement de tout notre séjour au Sénégal où le ménage n'a jamais été fait dans la chambre : dans les six autres hébergements où nous avons passé 2 ou 3 nuits, le nettoyage a été effectué sans qu'on le demande. Le seul point vraiment positif concerne les repas : la cuisine est bonne et le service efficace. C'est un plaisir de déjeuner ou de dîner sur place. Et le lieu est aussi bien sûr très pratique et sympa pour visiter les îles du Sine Saloum, voir le retour des pêcheurs à Djiffer ou se balader à Palmarin.