Chaleur, poussière, trafic intense et joyeux bazar, nous commençons notre séjour au Sénégal en cette fin octobre 2022 par Dakar, ville tentaculaire grouillante de vie et en pleine mutation que peu de touristes prennent le temps de vraiment découvrir, se contentant d'un rapide coup d'œil à l'île de Gorée et sa célèbre Maison des Esclaves. Mais il n'est pas désagréable de s'attarder un peu dans la capitale pour visiter notamment le beau musée des Civilisations noires, repérer parmi les buildings récents les rares bâtiments coloniaux encore présents et flâner dans les nombreux marchés (Kermel, Soumbédioune...) ou la Médina pour capter les innombrables scènes de rue. Au bout de la presqu'île du Cap-Vert, quelques sympathiques petites plages...
Première journée à Dakar
Lever tôt ce jeudi 27 octobre, suivi d'une paisible petit déjeuner en terrasse, face à la mer. Une légère brise permet d'atténuer un peu la chaleur déjà bien présente. Nous partons tranquillement vers 9 h à pied direction le marché de Kermel puis le port. On passe ensuite devant les statues des tirailleurs et la jolie gare de style colonial récemment rénovée pour aller au musée des Civilisations noires, immense et désert. La visite est intéressante et la partie consacrée à l'art contemporain nous plaît bien, on ne regrette pas notre passage. Après un déjeuner décevant et d'un mauvais rapport qualité prix au restaurant "Chez Ndioufa" rue Moussé Diop, nous retournons nous reposer et profiter un peu de la piscine de notre hôtel de l'Union Amicale Corse (voir avis en bas de page).
Deuxième journée à Dakar
La matinée du vendredi 28 octobre est consacrée à l'anse de Soumbédioune, située à l'ouest de la ville sur la route de la Corniche, avec son port de pêche et son village artisanal dont les boutiques commencent tout juste à ouvrir car il est encore tôt, puis au quartier très authentique de la Médina. Pour y aller, nous empruntons le boulevard Gueule Tapée, où un marché très animé est implanté entre les deux voies. Nous terminerons notre balade par la visite de la maison-musée de Léopold Senghor.
La maison-musée de Léopold Sédar Senghor
Sur la route de la Corniche ouest, à 3 km au nord de la Médina, l'étonnante maison de Léopold Sédar Senghor, dans laquelle il vécut entre 1981 et 2001, est devenue un musée dans lequel rien n'a changé. On peut y voir le mobilier d'origine et les objets personnels de l'ancien premier président du Sénégal indépendant et également poète, défenseur de la culture noire. Construite par l'architecte Fernand Bonamy, cette demeure de couleur ocre de style soudano-sahélien était surnommée "Les Dents de la mer" à cause de ses pans de mur en forme de pointe. Pas toujours évident de la visiter, cela dépend un peu de l'humeur du gardien : il a fallu insister pour entrer, d'autant plus que nous sommes arrivés en fin de matinée.
Si la propreté des chambres (ménage fait tous les jours), la situation dans le quartier safe du Plateau permettant de se promener à pied sans souci, la jolie vue sur mer et l'île de Gorée au loin et la gentillesse du personnel font partie des points positifs de l'établissement, il y a un certain laisser-aller regrettable sur l'entretien général : serrures branlantes, moustiquaire trouée, fenêtre fermant mal, mobilier vétuste, bâche bleue plutôt laide près de la piscine... Et le petit déjeuner, toujours identique, est quant à lui perfectible : café pas top, jus d'orange reconstitué, pas de fruits ni yaourts.
Notre déception vient aussi du fait que la piscine et les chaises longues sont inaccessibles l'après-midi car prises d'assaut par les expatriés du coin et leur progéniture. Le lieu devient en effet une sorte de piscine municipale avec une vingtaine d'enfants dans l'eau, sans surveillance : ça crie, ça court, ça saute... Il faut dire que c'est très lucratif pour le propriétaire qui fait payer 6000 cfa par personne. Nous avons eu droit aussi à une fête d'anniversaire d'une fillette de 10 ans un après-midi juste sous notre fenêtre puis un karaoké le soir, sans oublier les nuisances sonores du terrain de sport juste à côté. Il n'y a clairement aucun respect pour les clients de l'hôtel. Nous avons dû rester dans notre chambre alors que nous avions choisi ce petit établissement en espérant être au calme loin de l'agitation du centre-ville de Dakar et profiter paisiblement de la piscine aux heures les plus chaudes de la journée.
Retour à Dakar le dimanche 30 octobre en fin de matinée, après une nuit passée sur la paisible île de Gorée, mais cette fois dans le quartier de Yoff situé à l'opposé du Plateau, afin de découvrir une autre facette de la capitale et prendre une pirogue le lendemain pour aller sur l'île de Ngor. Après s'être installés dans la belle maison d'hôtes Nyéléni Maison Sahel, nous allons visiter Le Sphinx, la maison-atelier du célèbre sculpteur Ousmane Sow (950 m à pied), puis siroter un cocktail et dîner au bar-restaurant Copacabana sur la plage du Virage.
Beauté et sérénité...
Voici une ancienne et superbe maison remplie d'objets d'art et magnifiquement décorée possédant un joli jardin dans lequel il est fort plaisant de prendre le copieux et délicieux petit déjeuner. Nous y avons passé deux nuits les 30 et 31 octobre 2022. Chambre confortable, propreté irréprochable, piscine agréable et accueil très professionnel (mais manquant peut-être un peu de chaleur). Nous avons également apprécié l'opportunité de profiter de différents espaces communs (avec même un petit frigo collectif à l'étage), et de pouvoir aller à pied visiter la maison d'Ousmane Sow puis de rejoindre la plage du Virage.
Mais il faut savoir que les alentours de Nyélény Maison Sahel n'ont aucun charme, la vue du charmant petit balcon de la chambre ne faisant pas rêver. Très peu de possibilités également pour se restaurer à proximité. Mais nous avons apprécié le Pizzamore, un restaurant italien situé à environ 700 m. Éviter le plus proche, celui de l'hôtel L'océan, au cadre glauque et à la cuisine vraiment pas top.
Embarcadère de Ngor
Lundi 31 octobre, départ le matin en taxi (2500 cfa) appelé par Amadou, le manager de la maison d'hôtes Nyéléni Maison Sahel, pour l'embarcadère de l'île d'Ngor. A peine sortis du taxi, quelqu'un nous demande si on veut traverser pour aller sur l'île par navette privée. On décline l'offre pour aller sur la plage acheter nos tickets (1 000 cfa par personne) pour la pirogue publique. Là, on se fait tout de suite alpaguer par Yaya, qui nous dit que la pirogue ne part pas avant 20 mn, que c'est lui qui la conduit, que son père est chef de village, et nous propose en attendant d'aller voir le port et les poissons du jour. Même si on a quelques doutes sur la véracité de ses propos, on accepte de le suivre.
Yaya nous donne en chemin plein d'informations sur Ngor et sa coopérative de pêche et nous assure qu'avec lui à nos côtés, nous pouvons faire toutes les photos que nous souhaitons. Mais on croise au port une vieille dame à qui il demande de nous faire croire que ses enfants sont à Marseille alors qu'elle venait de nous dire qu'ils étaient en Italie, tout cela parce que l'on vient de prendre en photo un mur sur lequel est inscrit "droit au but Marseille". On commence à penser que l'on a affaire à un beau baratineur capable de nous raconter n'importe quoi. Du port, il nous emmène alors voir la mosquée, les écoles, puis le cimetière musulman, le baobab sacré etc. pour finir au magasin d'alimentation Medou où il nous suggère de faire un don de 5000 cfa à la communauté pour acheter du riz !
Mais difficile, après tout son cinéma, de lui faire confiance et de savoir si c'est vrai. On accepte de donner 2000 cfa parce que sans lui, nous n'aurions sans doute pas oser parcourir le petit village de Ngor de la même manière et que cette visite était intéressante. Mais c'est dommage, le fait d'embobiner les touristes dessert la cause qu'il essaye de défendre.
Retour au débarcadère
Yaya nous ramène enfin au débarcadère où il nous faut alors patienter encore un bon quart d'heure en passant agréablement le temps à refuser gentiment mais fermement toutes les sollicitations des vendeurs ambulants de bijoux, chapeaux, tatouages au henné etc. avant de pouvoir, enfin, grimper dans une pirogue (au fond plein d'eau). Le principe consiste en effet à attendre qu'il y ait suffisamment de monde pour que la navette fasse la traversée. Les horaires sont donc très aléatoires... et le gilet de sauvetage particulièrement crade mais obligatoire. Il faut donc être patients et ne pas craindre l'eau ni la saleté !